Des collines drômoises balayées de mistral au secret desquelles un pêcher rose bat comme un coeur à vif.
Des paysages toscans aussi émouvants que des détails de tableaux Renaissance. Des nus à la fenêtre frappant au carreau de Balthus. Des soleils blafards sous le papier calque des grands ciels crépusculaires. La ferveur de la lune semblable à une médaille ancienne. Des vérandas et des cavernes, des visages et des halos, des figures et des traits ...
Il y a tout cela dans les toiles de Christine Bry qui peint comme on se souvient, qui peint comme on se survient.
De quoi témoignent ces anges qui guettent au revers d'un triptyque, sinon de l'inquiétante beauté plaquée au matin contre les volets d'une maison? Et ces gravures pariétales ne racontent sans doute rien d'autre que nos petites préhistoires qui commenceront demain. Entre figuration et abstrait, sérénité et tourment, corps et spectres, l'artiste qui vit et travaille à Grignan donne à voir, au gré de ses expositions, de Valréas à Boston, d'Apt à Londres, de Grenoble à Paris, la pleine mesure d'un talent au sein duquel elle excelle à convoquer tout à la fois le mystère de l'évidence et l'évidence du mystère.